En avril 2016, le « Président Bernard » et l' »Ingénieur Marcel », ont pu se rendre quelques jours à Tangaye. Leur journal de bord fait un récapitulatif d’actions en cours et de leur avancement.
Dimanche Matin :
Arrivés CMPS (centre médical) 9h30
Nous débutons par un 1er tour d’horizon des nouvelles installations de captage d’eau
Nous découvrons le jardin potager, ce qui a été fait va bien au delà de nos espérances. Il est géré par vieil homme et ses 6 enfants +/- petits enfants = Mr Adama O… au profit de SONG TAABA (l’association qui représente les intérêts de l’AMNS sur place). Les bénéfices seront utilisés pour faire fonctionner la cantine scolaire.
Nous ne nous gênons pas pour déguster concombres et tomates.
Par ailleurs Marcel commence son travaille d’expertise : relevés des niveaux des puits, fonctionnement des points d’eau, des écoulements, des latrines, rappels techniques, essais divers … . Un travail très technique et qu’il accomplit avec patience et méthode. A l’évidence Marcel est très apprécié de tous et les échanges sont chaleureux et efficaces
Puis le temps est venu pour un premier entretien avec l’équipe CSPS (centre de santé) : l’Infirmier Major et Clarisse l’accoucheuse.
Ils ne sont plus que deux à assurer tout le travail. (3/4 est assuré par Clarisse qui semble très fatiguée).
Deux problèmes semblent prioritaires :
• Étanchéité des locaux (refaire toiture infirmerie)
• Latrines effondrées des locaux d’habitations des infirmiers
La réunion terminée nous rendons visite au chef du village :
Il est en bonne forme, sous l’arbre devant sa concession, avec la présence de nombreuses femmes et d’enfants
Tout le monde est très enjoué et en demande d’échanges : paroles de bienvenue, remerciements et beaucoup de plaisanteries.
Le moment est agréable et nous en profitons pour remettre au chef une petite lampe dynamo et un calendrier « Les enfants de Tangaye » à sa première épouse.
Nous revenons au centre de santé, car arrive l’heure du repas préparé par les deux filles de Salamata : Justine et Esthèr .
Sont présents au CMPS : Moussa, Dieudonné, Rakieta, Azeto, Assami, Jean, Salamata, Fatimata, Azeta, Le Major et Claris
Dimanche Après-Midi :
L’après midi débute par la visite de la communauté Protestante, dans leur église : palabres, remerciements, chants et dance. L’accueil est particulièrement chaleureux.
Elle se poursuit par les premières visites des femmes parrainées :
Nous détaillerons seulement les quatre premières visites pour donner une idée du travail effectué et des problématiques rencontrées
NANA A… (9) : Nana nous reçoit avec ses enfants, son mari déclare être agriculteur, il me semble assez absent …. .
Nana vit dans un local avec un toit en paille, normalement réservé au stockage du mil. Le lieu est très propre. Les enfants sont très timides et impressionnés.
SALAMATA(4) : chez elle tout est parfaitement ordonné et la cour est parfaitement propre.
Tous les enfants sont scolarisés et parlent français.
Deux points sont soulevés :
Résultats des examens de Salameta non connus (radio avec injection ??)
Aide pour la scolarité de Justine qui fait des études de comptabilité. Ne peut progresser car elle a besoin de rentrer dans une école privée. Je lui demande de faire une petite lettre à Brigitte et Fabrice avant notre départ.
Tout le monde va bien. Salamata a l’air moins inquiète et très souriante.
RAMATA (2) : J’apprends dans la matinée que l’enfant Moumouni est décédé de son insuffisance cardiaque, il y a deux mois environ.
Hamoura, qui est l’actuel mari, s’occupe des 5 premiers enfants, semble assez présent et concerné bien que très timide et peu bavard.
Pendant l’entretien je dis un petit mot sur Moumouni, pour exprimer notre tristesse. Les parents me remercient, mais à l’évidence nous sommes passés déjà à d’autres préoccupations … survie oblige.
La situation est ici critique avec des signes de très grande pauvreté.
J’ai un entretien à part avec Azeto et les deux parents pour parler des naissances et de leur situation. Les deux sont en demande d’empêcher la survenue rapide d’une nouvelle grossesse dans l’attente que le dernier enfant grandisse. Donc un implant sera proposé à Ramata.
FLORENCE (3) :
Bonne surprise : le mari est là, jeune et en bonne santé. Il nous dit que pour lui l’orpaillage est terminé.
Toute la famille dort dans une pièce en banco partiellement détruite.
Par ailleurs le mari construit une pièce pour sa femme et les enfants . Il a du mal à faire avancer les travaux car à la nouvelle construction s’ajoute la pièce à réparer.
Rappel : le mari et son épouse ne vivent généralement pas sous le même toit. Le mari a sa pièce et l’épouse un local plus grand avec les enfants. Tout ceci est construit en banco (matériel à base de terre) et recouvert de plaques de tôles (c’est l’élément onéreux ! )
Fin du programme avec la visite de la concession du père d’Azeto.
En fait la journée est consacrée à la prière, la communauté musulmane est ainsi accueillie par le père d’Azeto. Il y a beaucoup de monde, les hommes et les femmes sont séparés, la Sono diffuse les voix des responsables religieux qui récitent des morceaux du Coran et des messages de paix et de bienvenue.
Dieudonné nous traduit, l’Imam et ses représentants demandent aux fidèles de faire les 5 prières quotidiennes et ventent le partage et l’altruisme.
Vient le moment où on nous demande de rentrer dans la pièce où sont regroupés l’Imam, les représentants religieux et les anciens.
De nouveau : paroles de bienvenue, présentations, nos actions sont intégrées à des passages du Coran et prières.
Ce moment est au début un peu oppressant puis très vite, place à l’émotion, et à l’échange, toujours avec des plaisanteries et des rires. Avec Marcel nous devenons le temps de la prière les « Lions de la Savane ».
Nous allons voir juste après le père d’Azeto. Du haut de ses…..100 ans il a du mal maintenant à se lever et présente des œdèmes importants des deux jambes
(Passé 70 ans à 80 ans, impossible d’avoir un âge réel si le sujet est « un sage » il a rapidement 100 ans… respect !!!!).
Il est tard : retour au CMPS puis à Gourcy avec un arrêt bière fraiche au Maquis de Francine. Ce dernier est toujours aussi sale mais notre hôte a la santé et la bonne humeur.
Rencontre intéressante avec deux étudiantes Belges en stage à Gourcy depuis 2 mois, elles « bossent » sur des projets touchant à la scolarisation des enfants. Nous gardons les coordonnées de l’association.
Nous rentrons à 19h à la « Cité » pour une bonne douche.
20h : Repas avec Azeto, Dieudonné et Moussa,
Travail intense jusqu’à 22h :
• Comptabilité Centre de Santé (Cogess)
• Comptabilité association Song Taaba
• Projet Maison de la culture et l’Artisanat
A ce sujet il est confirmé que 12 à 13 jeunes seront proposés par le village pour l’action « un métier à Tangaye »,
Les métiers choisis sont :
a) Mécanique vélo (1 apprentis)
b) couture (2)
c) Maçon (1)
d) Maquis + Boutique (1)
e) Electricité (1)
f) Informatique (1)
g) Jardinier (1)
h) Mécanique moto (2)
i) Soudeur (2)
k) Aide Fileuses (1)
Lundi :
– 8H00 au CSPS, entretiens avec les jeunes apprentis choisis par le village.
Organisation parfaite, nous signons avec chacun un contrat de formation après avoir fait connaissance. (9 contrats sont signés).
Tout le monde est très heureux et reste très impressionné par cette séance de signature. ,
– Direction le terrain de la future Maison de la Culture et de l’Artisanat (MCA).
Moment surprenant : tous les responsables des jeunes sont là avec les autorités du village, au milieu de nulle part, sur un terrain aride. Cependant rien n’est laissé au hasard, le terrain se situe à mi-distance entre le centre de santé et l’école, le local des coiffeuses a été construit à l’initiative des habitants, il est magnifique, en dur. Les coiffeuses sont à l’intérieur et travaillent.
L’investissement du village est évident et l’enthousiasme est perceptible.
La première pierre est posée au pied du panneau d’information tout neuf.
On nous présente l’entrepreneur choisi par le village : mr O… Abdoulaye, famille de O… Adama (voir le jardin …)
Le maçon est jeune, mais semble avoir fait ses preuves. Marcel, après un moment de surprise et d’interrogation, est mis en confiance lors de l’entretien avec le maçon et son frère. Il va passer de longs moments avec eux pour préciser l’aspect technique du projet. Nous visitons un grand bâtiment construit par son équipe, très belle réalisation. De plus il est du village et travaille avec une équipe d’hommes du village, donc le choix nous semble très judicieux. Les autorités sont en pleine confiance.
L’engagement est pris par ailleurs de profiter des travaux pour former un apprenti.
– Le repas est pris au centre de santé comme d’habitude.
Très vite les vieilles femmes viennent s’installer autour de nous et commencent à filer la laine. Quand je pense qu’il a fallu attendre près de 5 ans avant d’avoir connaissance de cette activité. Elles nous montrent que les brosses spéciales pour carder la laine ont bien été achetées (fabriquées au Mali). L’association des fileuses va faire l’objet d’un parrainage spécifique dans le cadre de l’opération « un métier à Tangaye ».
Nous avons une grande discussion sur ce qu’elles savent faire. Elles nous donnent un rouleau de fil de laine et un morceau de tissu . Le but est de chercher au retour tous ensemble une idée originale pour créer une activité artisanale.
La journée se termine par la visite de quatre filleules.
Le soir, après une petite bière chez Francine, une douche avec +/- d’eau, deux petites heures de travail (compta et rapport) , avec Marcel nous invitons à manger Assami et son épouse, le maçon et son frère, Dieudonné, Azeto et Moussa…..
Mardi :
Direction l’école publique; réunion avec les enseignants et les responsables APE et AME
Que du bonheur !!! Le nouveau directeur a transformé l’aspect, l’ambiance et la dynamique de l’école.
Dès la descente du véhicule on constate que la cour est propre, les latrines réparées, aucun amas de cailloux ou de pierres, aucun objet dangereux au sol. Le climat qui règne lors de la réunion confirme l’impression générale. Le directeur parle d’une même voix avec les membres du bureau de l’APE, ces derniers sont tous nouveaux, fini le président R…. notre bête noire.
Le directeur nous donne une comptabilité très précise de l’argent laissé à l’APE (environ 380 000 fefa), Rien à redire, l’argent a été utilisé dans l’intérêt des enfants.
Les problèmes relevés par nos interlocuteurs :
– l’éternel souci du jardin scolaire, trop éloigné du puits, ce dernier fonctionne avec une pompe à pieds, il faut au moins 4h quotidien de pompage pour arroser le jardin. L’option d’un jardinier salarié revient sur le tapis. Nous repoussons cette éventualité. Nous proposons, en se référant au jardin de Ventalili (association amie qui travaille aussi au Burkina Faso), qu’une partie du terrain soit « privatisée ». Le jardinier cultivera pour lui avec les outils du jardin scolaire, en retour il s’occupera de la globalité du jardin. Le directeur doit nous faire une proposition.
– Le deuxième problème est celui de la cantine scolaire. Le fonctionnement pendant toute la période scolaire est notre objectif depuis le début.
(Les enfants, si ils ont un repas le midi viennent et restent à l’école. Ils ont ainsi accès à l’éducation et de plus les + fragiles ou malades peuvent être repérés par les enseignants). Le problème s’est aggravé, car les enfants ont école du lundi au vendredi en continu (il n’y a plus de jeudi férié) et ils doivent reprendre à 14h au lieu de 15h, ce qui ne leur donne que très peu de temps pour rentrer chez eux (souvent ils ont plusieurs kilomètres à faire)
L’année dernière le parrainage des femmes a apporté à la cantine 50 sacs de mil, période relativement peu difficile sur le plan alimentaire, la cantine a pu fonctionner.
( Grace à notre action depuis ces dernières années l’école de Tangaye s’est distinguée par ses résultats d’assiduité, elle est l’un des meilleurs établissements en terme d’ abandons et d’absentéisme. ). La cantine restera l’un de nos objectifs prioritaire.
Nous avons assuré au directeur que de nouveau cette année 50 sacs seront fournis.
Le directeur va nous soumettre les besoins précis et je reste convaincu que ce doit être une priorité pour nous d’y répondre.
Avant de partir de l’école, nous exposons aux enseignants le projet du concours de lecture avec les élèves de Velaux. Les livres sont remis aux enseignants.
Le directeur me montre les travaux en cours au niveau de la cuisine, et le magasin de vivres…. vide !!!
A noter que l’APE a réalisé autour de l’école une sécurisation des « routes », avec des cailloux, barrières, dos d’âne… en effet les mobylettes passent trop vite !!!
Retour au CSPS : Réunion avec l’association des femmes.
Le point est fait sur les micro-crédits. Elles m’expliquent que ça fonctionne très bien, elles ont acheté des haricots, arachides, fruits de « mèré » (permet la fabrication de petites boules qui servent pour les sauces et donnent du gout: le soumbala) et autres condiments.
En fait elles spéculent ! Elles achètent à la période ou les prix sont bas pour revendre au marché en période de disette au prix fort, il y a des Traders partout !
Le remboursement interviendra en septembre avec un taux d’intérêt de 5%… A suivre (pour mémoire 400 00 fefa ont été répartis à 13 femmes, le cahier de compte nous est présenté).
Rakieta me dit que les femmes choisies sont de bonnes gestionnaires.
Pour le reste, les responsables des femmes expriment le souhait d’avoir quelques charrettes à eau comme les femmes parrainées : décidément ces carrioles semblent vraiment apporter un plus aux familles.
Le repas est pris sous le préau, toujours aussi bon, préparé par les filles de Salamata.
Un petit extra aujourd’hui : concombre et tomates du jardin en entrée et en dessert…… divin et rafraîchissant.
On regrette l’absence de mangue (trop tôt pour la saison), celles vendues au bord des routes sont à éviter car trafiquées pour les faire murir (carbures ?)
Je vais passer un moment avec Clarisse. Elle semble épuisée, elle est seule à tenir le CSPS, le major étant très souvent absent et peu désireux de travailler. De plus elle est la seule à vivre encore sur place.
Par ailleurs depuis quelques semaines son état de santé se dégrade : fièvre + douleurs pelviennes .
Je l’examine, on branche comme on peut l’appareil d’écho (fourni par AMNS il y a trois ans). Rien d’évident l’imagerie reste sommaire et le tableau peu franc. On décide de partir ensemble jeudi à Ouagadougou pour prise de sang et RDV chez un gynéco qui pourra l’examiner dans des conditions normales (la question de l’aider pour ces examens et le traitement se posera au retour en France, pour ma part je serais partisan de l’aider de nouveau car à ce jour c’est le seul élément fiable du CSPS, sachant qu’elle peut partir elle aussi …).
Le résultat de tout ceci est un centre de santé qui tourne au ralenti, quasi désert. Il ne nous reste qu’à attendre des jours meilleurs avec une Clarisse en forme et un nouvel infirmier.
Ma réflexion devant cette situation est de constater que dans ce pays les structures existent : école, centre de santé, administrations…. avec des réglementations très précise , des bilans de fonctionnement et des contrôles. Mais force est de constater que tout ceci tourne « à vide », il y a des manques à tous les niveaux, pas de médicaments, même dans les pharmacies centrales (dernier exemple, pas de javel, impossible d’en trouver), pas d’infirmier, peu de professeur, les salaires sont +/_ payés, pas d’entretien des locaux professionnels et des habitations des fonctionnaires.
Dans ce contexte de fragilité et de manque de moyens, tout repose sur l’individu. En l’absence d’un cadre efficace et investi, tout s’écroule. Nous avons eu l’expérience à l’école, nous sommes allés d’échec en échec depuis 2010, aujourd’hui malgré des moyens de misère, tout semble différen avec le nouveau directeut.
L’histoire se répète maintenant au centre de santé. Nous avons connu des années très brillantes avec Karanmbiri, depuis l’an passé nous touchons le fond avec le major actuel. Soyons patients, comme dit si bien notre ami Moussa : il n’y a pas de problème !!!
Poursuivons la journée :
Sous une chaleur de plus en plus pesante nous partons à la rencontre des dernières femmes parrainées.
La visite des 13 familles se sera bien passée mais il est difficile de permettre un retour satisfaisant pour nos mères de famille en France.
Beaucoup de difficultés :
Souvent lors de la visite les familles sont incomplètes : enfants à l’école, enfant pris en charge par d’autres membres de la famille ailleurs. Les conditions sont difficiles, et il n’est pas aisé en quelques minutes, en pleine chaleur de faire le point avec les familles, un film et des photos.
Nos amis sont tous autour de nous : Azeto ou Dieudonné traduisent, Assami filme (une première pour lui) et Moussa porte les documents….. mais comme toujours on a bien rit.
L’échange d’informations, par lettre, la parole devant la caméra, des objets ou autres, n’est pas évident pour nos amis. Nous sommes vraiment dans l’instant présent, l’immédiateté et les problématiques de survie. Pour ce qui est des cadeaux ( petits cadeaux sans prétention envoyés par les marraines), nous avons pris le parti de laisser la filleule ( donc la mère) ouvrir les paquets et répartir les cadeaux sans notre présence. Pour nous éviter tout d’abord de rester à attendre au soleil… mais surtout la notion de cadeau et l’ouverture de ceux-ci restent une notion nouvelle pour eux. Nous pensons que tout se fait en famille dans l’intimité. Il est convenu que le dernier jour les familles viendront au CSPS pour discuter ensemble.
Cette action de parrainage est à la fois extrêmement enrichissante et pertinente mais pour les marraines et leur famille, elle peut-être frustrante et demander un important effort de compréhension, d’autant plus pour celles qui ne sont jamais allé sur place.
Nous terminons donc les 13 visites, vraiment fatigués, mais à Tangaye pas le temps de se poser; l’iman nous attend.
La visite du nouvel Imam se déroule toujours avec un protocole assez précis.Nous sommes reçus par l’un de ses proches (ici le fils ainé de l’ancien Iman que l’on connait bien). Nous attendons quelques minutes assis sur le sol à l’ombre en palabrant. L’imam est prêt et donc on peut se présenter.
L’entretien se fait avec ses conseillers (ici au nombre de 3) qui vont parler pour lui à tour de rôle.
Chacun résume l’action de l’AMNS et nous remercie, on mêle extraits du Coran, proverbes africains et des plaisanteries.
Mon tour est venu de parler et faire moi aussi deux ou trois blaguounettes!!! le public est sous le charme :)))))
Mercredi :
Nous restons à Gourçy pour visiter monsieur le Préfet. L’accueil comme toujours est chaleureux, nous abordons les réalisations de l’AMNS au village. Le représentant de l’état nous confirme que Tangaye est en zone rurale et donc le droit au sol est d’ordre coutumier et lié à l’entente entre les villageois. Nous sommes donc en règle et surtout le document signé « sous l’arbre à palabres » ou le village fournit un terrain pour la construction d’une maison de la culture est tout à fait valable.
Fin de matinée nous prenons la piste pour le village.
C’est le dernier jour et nous avons gardé du temps pour faire le point avec les villageois sur notre séjour.
Devant les autorités réunies de nouveau, Marcel fait le point sur l’installation de captage d’eau et son utilisation. A l’évidence nous sommes victimes de notre succès. Les villageois arrivent très tôt le matin pour remplir les barriques. Malgré que l’eau soit vendue (à un prix modique) les quantités prélevées sont trop importantes et mettent en péril le bon fonctionnement global de l’installation. Marcel présente plusieurs solutions, les autorités écoutent et assurent qu’une organisation précise sera mise en route pour limiter les prélèvements.
Après le repas nous nous retrouvons avec toutes les filleules. Elles sont toutes là avec un petit présent à apporter en France pour leur marraine. C’est un grand moment d’échange avec nous et entre elles. Nous répétons les grandes lignes du fonctionnement du parrainage et les limites de ce dernier. En particulier il est précisé de nouveau qu’il prendra fin au bout de la deuxième année et que s’il y a une suite ce sera suivant la volonté des marraines.
Ces femmes qui représentaient un poids et une lourde charge pour leur communauté, car encore plus dépourvues que les autres, semblent avoir redressé la tête grâce à cet accompagnement. L’attention qu’on leur porte, l’idée que des mères de famille en France puissent penser à elles, l’amélioration de leur quotidien de misère (charrette à eau, poules, mouton, amélioration habitat, aide alimentaire, aide à l’achat des médicaments pour les enfants, la prise en compte de leur santé de mère (consultation gynéco, accès à une contraception gratuite) … semblent avoir changé beaucoup de choses pour elle. Par ailleurs, grâce à elle et leur marraine l’école publique de Tangaye a une cantine qui a du riz toute l’année pour le bien de toute la communauté.
Pour finir nous rencontrons deux autres candidats aux formations professionnelles.
Nous les quittons, ce n’est jamais facile, l’émotion est là mais nous partons la tête pleine de projets et de fierté pour tout ce qui a été accompli.
Petit détour par la maison en construction d’Assami. Marié depuis peu il construit en banco sa future demeure. Tout est fait au millimètre, il nous explique qu’il veut élever des porcs car il y a de la demande, notre Assami est ambitieux. C’est lui maintenant qui paie le collège à Ruth son épouse (en 3eme). Nous lui proposons de faire le maximum pour qu’elle poursuive ses études le plus longtemps possible. Il a quelques craintes car lui a arrêté l’école très tôt et a peur pour l’équilibre de son couple. Nous discutons longtemps à ce sujet. Nous arrivons à nous mettre d’accord qu’il n’y a pas de crainte à avoir une épouse qui a fait plus d’études que soi. Nous plaisantons et lui proposons de prévoir une pièce seulement pour Ruth qui lui servira de bureau personnel………..là « c’est pas possible », Assami n’en croit pas ses oreilles, il n’a jamais entendu ça, et rit aux éclats….. Ce serait une première à Tangaye.
( La maison d’Assami aura deux pièces : une pièce avec la porte d’entrée de 9 M2 pour vivre et une chambre (enfants et parents) identique )
Voilà, on poursuit la route vers Gourcy, après une dernière bière nous rangeons nos affaires et nous nous apprêtons à recevoir Moussa, Dieudonné et leurs épouses en grande tenue ainsi qu’Azeto.
Repas très sympathique.
Dernière mise au point sur la comptabilité avec les membres de SONG TAABA, ce n’est pas facile car on est tous fatigués et un peu tristes.
JEUDI :
Départ pour Ouagadougou dans un grand confort grâce à notre ami sa majesté Kankoudry qui nous a envoyé son chauffeur et sa voiture. Azeto nous accompagne avec Clarisse qui va passer des examens médicaux.
Nous retrouvons notre ami rotarien Mohammed Kankoudry le midi pour partager un délicieux repas dans un restaurant de cuisine Africaine (mon plat : poisson Capitaine, sauce gingembre avec du Foutou Banane)
Nous faisons le point sur toutes les réalisations et les projets à venir.
L’après-midi se passe au centre des artisans ou nous achetons quelques souvenirs, en attendant l’heure de se rendre à l’aéroport.